THE nationale d'élevage du Terre-Neuve...

Maîcresse, elle fait jamais les choses à moitié, à croire. Elle qui n'a quasi jamais mis les pieds dans une expo (bon, si deux fois, voire quatre fois, avec Una la Berger du Caucase, Tina l'Estrela et les chiots de Tina et Lobo), maintenant qu'elle a en moi son premier Terre-Neuve LOF confirmable, elle m'a inscrite à la Nationale d'Elevage du Terre-Neuve qui se déroulait ce week-end dans l'Yonne.

Pourquoi la NE, allez-vous me dire ? Ben, parce qu'elle sait d'avance qu'elle ne fera pas quinze mille expositions avec moi, que tant qu'à aller en expo, autant rencontrer quelques connaissances, et que ce n'est pas en allant dans une expo quelconque de Trifoullis-les-Oies qu'elle aurait beaucoup de chances de rencontrer de ses amis virtuels. Donc, estimant que normalement la NE est un point d'orgue du monde du Terre-Neuve, elle tablait sur cette expo pour voir des bouilles connues.

Pas forcément des bouilles connues, mais au moins, y'a de beaux bicolores, hi hi hi !

Bon, ce qu'elle a un peu oublié, la Maîcresse, c'est que son univers à elle, c'est plutôt celui du travail à l'eau, et qu'au final, il n'y a qu'une minorité de ceux qui bossent à l'eau qui fréquentent aussi les rings. Donc, quand on s'est radiné samedi après-midi, donc la veille de la journée d'expo, sur le site, pour participer à l'atelier de "préparation à la présentation en exposition", ben... elle connaissait personne. Bon, y'avait pas non plus 15 000 personnes, mais dans ce "peu" de personnes, pas de connaissances un peu "poussées"...

Première mission, trouver quelqu'un qui pourrait nous renseigner. Car comme elle s'était inscrite par le site Cédia interposé, elle n'avait pas pu s'inscrire au-dit atelier, et son message d'information auprès de la personne responsable des inscriptions hors expo, était resté sans réponse. Mais a priori, une fois le secrétariat découvert au fin fond du terrain, dans un préfabriqué, il n'y avait pas de soucis pour participer à cette petite préparation...

Première surprise, là où Carioline pensait qu'on travaillerait les postures, l'organisation de "l'examen" par les juges, au préalable, il y avait prévu une séance d'explication du toilettage à mener pour présenter un chien. Or, s'il y a bien une chose qu'exècre notre Maîcresse, même sur les chiens d'expos, c'est le toilettage. Elle trouve complètement incohérent d'imposer un toilettage à mes confrères, alors que dans notre standard, il est écrit noir sur blanc, que le toilettage n'est pas recommandé.

Regardez en expo, TOUS les chiens qui finissent sur les podiums sont tirés à quatre épingles, mais à part ça, le toilettage n'est pas recommandé. Paraîtrait que c'est pour répondre au standard. Ah. Ben, vi, c'est écrit par exemple, que pour nos n'oreilles, le poil doit être court et fin. Donc, exit les poils longs.

Et là, Maîcresse, elle s'interroge donc sur la bonne santé mentale du gars qui a pondu le standard de notre race, il y a une "éternité". Ben vi, faut pas être en toute possession de ses moyens, pour décrire officiellement une race, en précisant qu'il faut des poils courts, là où la "totalité" de la population actuelles a des poils longs naturellement sur les n'oreilles notamment...

Avec le contre-jour, on ne les verra pas, mes poils d'oreilles trop longs, non ?

Mes ancêtres avaient-ils d'office le poil court sur les n'oreilles, auquel cas, si le poil court aux n'oreilles est un critère de référence, plutôt que de nous les couper, ben, si on veut se faire plus extrémistes que ces extrémistes qui nous veulent tirer à 4 épingles, la solution serait de refuser à la confirmation (puisque dans notre pays, on doit passer par la confirmation) les chiens qui auraient naturellement des poils longs aux oreilles ?

Ben vi, puisque le standard dit qu'il nous faut du poil court ? Ah non, on a donc le droit, voire l'obligation de tricher dans notre interprétation du standard, pour que l'immense majorité du cheptel terre-neuvien réponde au standard, on joue du ciseau pour correspondre... Va comprendre.

En quoi un chien un peu plus au naturel est-il plus difficile à juger pour un juge ? ? ?

Carioline, de prime abord, elle a de nouveau refusé de se prêter à ce jeu. Si ça fait plusieurs mois qu'elle me brosse de-ci, de-là, pour me retirer le poil mort, les noeuds, à dose homéopathique, elle a laissé volontairement de côté les ciseaux. De toute façon, des ciseaux de toilettage, elle n'en a pas. Et elle ne veut pas jouer les apprentis coiffeuses avec moi... Donc, tant pis si ça choque, je débarque avec mes oreilles longues, mes poils aux petons, et mes franges longues, et le bidou lui aussi en bataille...

C'est Sophie Delacroix, de l'élevage Oukaya For Ever, qui se charge de l'atelier "Préparation à l'exposition". Quand cette dernière expliquera à Maîcresse  que ce serait bien tout de même de me toiletter, même si je n'ai pas la toison énormément fournie, et que Maîcresse commencera à expliquer qu'à ma sortie du refuge, j'ai eu à connaître un brossage intense pour tenter de récupérer une allure convenable, et que même si ça a commencé à repousser, ça a pris un peu de temps avant de ravoir un peu de toison,  Carioline a appris que la madame, ben, elle savait qui j'étais, qu'elle avait suivi mon affaire... Crop fort je suis ! Première sortie en expo, et je suis déjà connu comme le loup blanc, snarf, snarf, snarf !

Ca, la Socquette, elle n'a pas un poil qui dépasse...

Passons. Malgré les tentatives de la madame, niet, Maîcresse refusera qu'on me coupe les n'oreilles. Alors, la madame aux ciseaux, elle montrera sur moi, comment qu'on fait pour tailler les poils en pattes de chat (ça, Maîcresse, elle aime un peu mieux, déjà). Hop, entre d'autres explications aux autres participants, l'éleveuse me coupera le poil de mes pieds de devant. Sans ciseaux perso, et sans plus de motivation pour pousser plus loin la taille de mon pelage, Maîcresse ira chercher ses brosses, et me donnera un petit coup d'étrille par-ci, par-là, pour retirer les quelques derniers noeuds un peu caché qu'il pouvait me rester... 

Y'a des élèves plus studieux que Maîcresse...

Vient le moment de faire la simulation du jugement. Là, on est déjà un peu plus nombreux à assister au n'exercice. La madame, elle nous explique comment ça va se passer. Un tour de piste ensemble, puis présentation/observation individuel, course individuelle, tour de piste de nouveau ensemble, jugement. Elle nous explique aussi rapidement comment nous mettre en position statique, avec le matériel à utiliser.

Un collier chaînette que Maîcresse a délaissé de longue date, surtout si fin, et une laisse toute fine aussi. Ben, si vous voulez pas d'un jugement en harnais Animalin, ça sera avec le gros collier "d'intervention", on n'a pas de collier étrangleur avec nous. Et pour la laisse, on n'a que notre multiposition (Carioline a bien voulu faire une consession et ne pas prendre notre longe de travail à l'eau qui pèse une tonne). Alors on fera avec ce qu'on a !

Pour la position statique, Maîcresse doit être la seule à patouiller un peu dans la semoule, même si d'autres sont moins expérimentés que certains. Quant au fait de me tirer sur le coup pour me mettre la tête en l'air, là, Maîcresse n'adhère pas du tout... C'est quoi ce drôle de monde... On va vous tirer sur la tronche, pour voir si vous répondez bien au standard, vous les Humains... Plus ça va, plus Maîcresse se demande ce qu'on est venu faire ici...

L'atelier se termine, alors elle en profite pour faire un tour du côté du passage du Test d'aptitudes naturelles au trait. Elle ne m'y a pas inscrit, car vu que les horaires concordaient avec l'atelier "prépa d'expo", elle pensait que je n'aurais pas l'occasion d'y participer. Mais regarder, c'est bien aussi. Elle regarde, elle regarde, et alors qu'elle me lance "Tu vois, Tit Land, je suis sûre que tu aurais capable de le faire, ça", un assistant du juge lui dit qu'il n'est pas encore trop tard pour m'inscrire...

Alors Maicresse se dirige vers le secrétariat, confie mes papiers pour que la secrétaire commence à remplir le formulaire, pendant que Maîcresse file chercher son carnet de chèque pour régler mon inscription...  Imprévu, quand tu nous tiens ! Une fois les formalités remplies, nous nous dirigeons vers le terrain !

Pour le coup, ce sera vraiment du test d'aptitude naturelle, car on ne peut pas dire que Maîcresse aie commencé à me faire travailler à la charette... Mais il n'y a pas que du trait au programme.

En premier lieu, il y a le test de caractère, pour savoir si on a un comportement équilibré face à des situations un peu saugrenues. Cette première partie est notée sur 10. Déjà, j'ai pôs peur du monsieur à casquette, c'est déjà ça !

La copine ou le copain, l'est pas trop rassuré tout de même !

Tout nu, enfin, pas attelé, sans harnais, je dois passer sur un plan dur, constitué par un plateau de table posé au sol. Pas de problème. Bon, on n'avait personne sous la main pour me prendre en action, alors on prendra des copains pour illustrer ! :-(

Puis le juge secoue une bouteille avec des cailloux dedans. Maîcresse sait pas si j'y ai eu droit chez Michèle, mais à elle, ça lui rappelle les bons souvenirs de la fratrie d'Aïoli, qui avait droit aux bouteilles pleines de croquettes, tant et si bien qu'à l'école du chiot, quand la monitrice avait essayé "d'apeurer" la portée avec sa bouteille à cailloux, elle s'était retrouvée avec Aïo et ses frangins à ses basques, touts contents, hi hi hi ! Pour ma part, même pas peur non plus de la bouteille à cailloux...

Par contre, je serais un peu étonné par l'ouverture "brusque" du parapluie, faut dire que Maîcresse est plutôt adepte des imperméables, pas du genre à s'encombrer du parapluie quand il pleut, donc c'est pas le genre d'ustensile dont j'ai l'habitude. M'enfin, je n'avais rien du chien terrorisé non plus, hein ! Juste un petit retrait de la tête en arrière, même pas sûr que mes pattes aient bougées...

Le juge a ensuite demandé les positions, où il a fallu à Maîcresse me tapoter sous les fesses pour que je daigne m'asseoir et sortir la friandise pour que j'accepte de me coucher... Une fois couché, le juge me fait mettre sur le dos et me gratouille le ventre. RAS.

Il nous a ensuite fait croiser un autre chien, et Maîcresse a du saluer le monsieur, sans soucis. De toute façon, au pire, dans ce genre de situation, je suis plus du genre à saluer amicalement toutou et Bipède d'en face, pas à aller grogner ou pincer. Même si Carioline préfère tout de même que je ne me montre pas trop envahissant tant qu'à faire !

Deuxième partie du test, les allures, elles aussi notées sur 10. Le juge nous fait marcher d'abord au pas, puis au trot et au galop. Une simple formalité, je n'ai aucun souci pour galoper, moi (Maîcresse, elle, peut-être un peu plus, hi hi hi !)

Bon, on criche, on a pris un cliché de dimanche pour illustrer mes allures de samedi, hi hi hi !

Sont ensuite venues les choses sérieuses, la troisième partie, qui aurait pu être un test à l'eau, mais pour l'occasion, aura trait au trait, eh eh eh ! Le tout noté sur 10 aussi : me mettre dans les traits.

Pour Carioline, la démarche idéale qu'elle envisageait dans les semaines à venir pour moi, c'était de m'enfiler mon nouvel harnais d'attelage, et de m'apprendre à marcher devant elle. Puis d'y enfiler les brancards de sa charette, histoire d'accepter d'être "contraints" entre deux supports rigides, et de ne pas tourner n'importe comment. Puis de tirer elle-même la charette à mes côtés, pour m'habituer au bruit. Pour finir seulement par me mettre dans les brancards et me faire tracter.

Là, ce protocole n'est pas au programme. On m'enfile un harnais, qui fait plus penser à un harnais de "husky", auquel on aurait ajouter des porte-brancards, plutôt que le style "bricole de cheval" qu'elle a acheté récemment, ou même "norvégien à porte-brancards" qu'elle avait jusqu'alors. Il me faut soulever les pattounes pour rentrer dans le bazard ! Une fois le harnais enfilé, on me mets entre les brancards, et c'est parti mon kiki...

Bon, on peut pas dire que j'ai fait ça comme si je l'avais toujours fait dans la mesure où je me suis un peu retourné pour voir ce qui me suivait, durant les 2-3 premières minutes, mais on ne peut pas dire non plus que cette épreuve m'aie traumatisé ! J'ai tiré ma petite charette à vide un peu comme si rien n'était, fait mon large demi-tour sans plus de problème, et le juge et ses assistants m'ont félicité (comme les autres copains, hein), en disant que j'étais un bon chien et que j'étais bien dans mes pattes. On me remettrait mon diplôme avant l'apéro, qu'ils ont dit...

Maîcresse en serait donc quitte pour attendre encore un peu, elle a donc prévenu Emilie dans la foulée, qu'on arriverait plus tard que prévu. En attendant, elle discutait avec une madame qui vendait des T-shirts pour "Les chiens nous parlent", dont un responsable proposait un exposé "Secourisme canin" dans le préfabriqué. Bon, ma Bipède, elle avait fait une journée secourisme canin, avec ateliers patriques, avec le club Terre-Neuve 55, donc, elle n'était pas trop frustrée de n'avoir pas pu concilier "préparation à l'exposition"/"TAN"/"Secourisme canin"...

Elle discute, elle discute, on en vient à parler de la socialisation des toutous, de mon comportement vis-à-vis des autres chiens, et Maîcresse dit que j'ai de toute façon intérêt à respecter les codes canins, car à la maison, j'ai deux copains pas toujours conciliants, en la personne d'Aïoli qui sait me faire comprendre quand elle en a marre que je l'embête et Bilou, l'Akita américain qui peut se montrer encore plus sourcilleux...

Et la dame de dire "Ah oui, les Akita, c'est pas toujours des chiens faciles. On en a vu un, l'autre jour, qui s'en est pris à un Terre-Neuve. Faut dire qu'on était à une rencontre de Terre-Neuve, que l'Akita était mis tranquillement dans un coin, muselé, avec un espace matérialisé, et son petit mouton à ses côtés. Y'a un Terre-Neuve qui n'était pas tenu en laisse qui est passé sous l'enclos et s'est fait attaqué"...

Ah ça, Maîcresse, elle souriait intérieurement, car la dame lui avait fait revivre l'épisode houleux entre Bilou et Niky, la chienne de Michèle du forum, lors de l'Internationale du Terre-Neuve. "Ben, vi, on sait, c'était mon chien, l'Akita en question", snarf, snarf, snarf ! Au final, y'a quand même des gens qui nous "connaissaient", alors, en fait, même si on fait pas d'expos !

Après avoir discuté de-ci, de-là, viens enfin l'appel pour l'apéro, qui se fera encore attendre.  Le jury du TAN viendra remettre les diplômes-plômes en tenue de saison... Maîcresse sait pertinemment que le TAN n'est pas l'exercice le plus difficile à passer et à obtenir, m'enfin, elle a vu passer 4-5 diplomes dont les notes étaient de l'ordre de 23 points (alors qu'en dessous de 22 points, le TAN est refusé), 25 points. Moi, z'ai eu 29/30 points.

Mon tout premier diplome, hi hi hi ! Bon, mauvaise langue, Maîcresse dit que ce sera peut-être le seul que j'aurais, du moins, si je n'ai pas plus de déclic pour le cravail à l'eau. Parce que si j'avais du passer un TAN à l'eau, c'est pas sûr que j'aurais eu une aussi bonne note, c'est pas tous les jours que je vais de moi-même dans l'eau, des fois, Maîcresse peut faire des pieds et des mains, c'est pas toujours gagné pour que j'aille la rejoindre à l'eau de moi-même ! M'enfin, quoi qu'il en soit, il paraîtrait que même si je venais à ne pas aimer cravailler, c'est pôs pour ça qu'elle me ramènera à la SPA. Enfin, si, bientôt, mais juste pour un p'tit coucou au passage, ouf !

Allez, demain, j'vous raconte la journée de dimanche !

Iceland, le 13/09/2014